LIZHER D'AN ARC'HAEL
lune nouvelle
comme la page blanche
qu'on vient de tourner
pour écrire à l'archange:
dis l'archange
(brillant ton casque
bleu ton masque)
alors voilà
j'ai brûlé la sauge
le cyprès si lointain
parfumé les bougies
chanté et ri
j'ai blanchi les nuits
et les matins gris
sans sursis sans souci
savouré le danger
aimé ton épée
le reflet de ta lame
et ce que j'y lis
et ce que j'y vois
la voie les voix
dicte ta miraculeuse folle pensée
en brandissant ton épée
insensée dans un sens
divaguante transe-danse
tranche et démolis
ce qui tracasse alourdit
j'ai brûlé l'encens
et les ponts derrière moi
lâché prise en riant
et pleuré jusqu'au sang
et craché dans les doigts
et crié sur les toits
et veillé les chandelles
et taggé nos prénoms
sur les murs effondrés
et sur la chaussée
et la voie lactée
dis l'archange
(haute ton échelle
larges tes ailes)
j'ai brûlé de fièvre
et d'autres choses encore
partout partout
le goût des cendres
où aller maintenant?
au pied de la falaise
ou dans la tour en feu?
ou jouer au phoénix
et élire le vol plané
comme domicile permanent?