nuit noire de novembre
par une nuit de novembre
noire comme la mort
une enfant à cheval longe la grève
elle se dirige vers la jetée au bout du fjord
chercher le poisson pêché dans la journée
un autre cheval la suit
il portera le poisson au retour
un chien les accompagne
là c'est là que viennent se fracasser
les bateaux pris dans la tourmente
l'Enclos de la Mort
tertre étrange happant un courant meurtrier les jours de tempête
amoncellement de cadavres et de débris de planches
nul n'en est jamais sorti vivant
là c'est là que traînent les revenants
chairs bleuies en loques sur leurs os
ils soupirent et geignent infernale leur haleine
siffle le vent entre leurs côtes
leurs grosses mains fétides avides de chaleur humaine
insoutenable leur regard hurlant de souffrance
et l'enfant tremble de frayeur rien que d'y penser
le cheval s'affole et l'enfant tombe
s'éraflant sur les galets
l'autre cheval hennit et s'emballe aussi
le chien les suit en aboyant
seule sur la grève nuit noire de novembre
elle reste prostrée longtemps longtemps
elle entend hurler les péris en mer
et le temps passe
nuit noire de novembre
puis une lumière au loin
un chien qui aboie
une voix familière
comme quoi comme quoi
de peur on ne meurt pas